Première conclusion
Non seulement, le climat se réchauffe mais aussi, les écarts de température augmentent.
- Les événements qui se produisent tous les 500 ans vont maintenant se produire tous les 50 ans
- Il ne s’agit pas d’une simple augmentation de la température moyenne, mais plutôt d’un climat comportant une multiplication des épisodes de chaleur extrêmes.
- Des événements extrêmes encore jamais vus se produiront : Sécheresse, feux de forêt, ouragans, inondations, …
- Dans un scénario à +2°C, 20 % de la planète subirait des canicules extrêmes en 2050
- Dans un scénario à +4°C, 50 % de la planète subirait des canicules exceptionnelles en 2040. Par exemple, le mois de juillet le plus chaud pourrait être 9°C plus chaud qu’actuellement. Dès 2050, on pourrait voir un nouveau régime de chaleur dans lequel les températures estivales les plus froides seraient plus élevées que les températures estivales les plus chaudes du XXe siècle, et ce autant dans les pays tropicaux que non tropicaux. Il sera impossible de travailler à l’extérieur sans protection durant une bonne partie de l’année.
Deuxième conclusion
L’histoire de la Terre nous enseigne que le climat subira un changement radical qui s’échelonnera sur une période de trois à dix ans.
- Le dernier changement radical s’est produit il y a environ 11 000 ans. Il a permis à l’homo sapiens chasseur-cueilleur de devenir agriculteur-éleveur. C’est ce nouveau climat nettement plus stable que le précédent qui a fait émerger l’agriculture en Mésopotamie, au Mexique et en Chine.
- Malgré ce climat relativement stable, quantité de sécheresses, famines, canicules, vagues de froid et tempêtes se sont produites depuis 11 000 ans. Mais auparavant, les variations de température étaient 5 à 10 fois plus importantes.
- Le concept de “Point de bascule” : Des changements mineurs s’accumulent et, ce faisant, ajoutent à la complexité, jusqu’à ce que le système passe soudainement d’un état à un autre, radicalement différent. Ce changement, qualitatif plutôt que quantitatif, se nomme “Changement de phase”. Par exemple:
- l’eau liquide qui se réchauffe progressivement passe à l’état vapeur à 100 degrés Celsius
- la surpêche donne lieu à des prises considérables jusqu’à ce que la population de poisson s’effondre
- les tensions sociales et économique augmentent graduellement jusqu’à la révolution
- Le climat évolue par changements de phase. Les recherches récentes sur l’histoire de la Terre nous enseignent que le climat a tendance à changer de façon relativement soudaine. Les changements ne se produisent pas graduellement sur plusieurs siècles ou milliers d’années, comme on le croyait auparavant. L’étude du climat regorge d’événements tels des changements de courants océaniques et atmosphériques entraînant des destructions de masse.
- La plupart des études, y compris celle du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), effectuent des projections et prévisions à partir de changements graduels liés au réchauffement climatique. Ainsi, elles prévoient un climat plus chaud, plus orageux, moins agréable mais pas fondamentalement différent. Même les modèles informatiques les plus sophistiqués ne tiennent pas compte des changements brusques du climat, comme ceux observés dans l’histoire du climat terrestre.
- En supposant un changement graduel, on en déduit que l’humanité pourra s’adapter graduellement en adoptant de nouvelles pratiques agricoles et en s’établissant plus loin des côtes au fur et à mesure de la montée des eaux. En réalité, le franchissement d’un seuil qualitatif nous laissera beaucoup moins de temps pour réagir. Les changements à venir sont assurément difficiles à prévoir et il ne sera pas facile de s’y adapter.
- C’est l’oxygène dégagé par un micro-organisme qui a provoqué le changement de climat il y a 11 000 ans.
Extra
- Si les trois milliards d’êtres humains les plus pauvres se volatilisaient, la destruction de l’environnement ne ralentirait pratiquement pas.
- Privé de croissance, le capitalisme meurt.
- Les impacts dévastateurs du capitalisme sur l’environnement ne sont pas tant dus à son besoin de croître qu’à son besoin de croître de plus en plus rapidement.
- Les pesticides sont en grande partie dérivés du pétrole.
- Les parasites sont de plus en plus résistants aux pesticides. Pour obtenir le même résultat, il faut appliquer des quantités toujours plus grandes de substances de plus en plus toxiques.
- Un gros porte-conteneurs consomme 350 tonnes de carburants par jour et émet plus de gaz carbonique que certaines centrales thermiques au charbon.
- À l’échelle mondiale, il y a plus de capitaux investis dans le secteur pétrolier et gazier que dans toute autre industrie.
- Lors de catastrophes, contrairement à ce qu’on voit dans les films, la majorité des gens sont altruistes et s’empressent de prendre soin d’eux-mêmes et des êtres chers, amis, voisins et étrangers. Des nombreuses recherches l’ont démontré.
- On vit à une époque où la plupart des gens trouvent plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme.
- Voir aussi cet article sur Wikipédia : Points de basculement dans le système climatique.
Source : Face à l’Anthropocène, Le capitalisme fossile et la crise du système terrestre, par IAN ANGUS, 288 PAGES, Préface d’Éric Pineault | Traduit de l’anglais par Nicolas Calvé, écosociété
Remerciements : Merci à Jeanne Émard pour m’avoir encore fait découvrir un bon livre.