Si nous sommes les 99% alors qui sont les 1%?

Croissance du revenu des 99 % et des 1 %

Quels sont les revenus des 99 % en comparaison avec le 1%?

Comment ces revenus ont-ils évolué depuis que le courant de pensée néolibérale s’est implanté au début des années 1980?

Voici un graphique qui illustre à quel point les revenus du 1 % ont augmenté relativement au 99 %:

Graphique des données statistiques sur la croissance des inégalités

Croissance cumulative du revenu moyen après impôts, par tranche de revenu (pourcentage de changement du revenu depuis 1979, ajusté à l'inflation)

  • « Top 1 percent »: la croissance du revenu après impôt des 1 % les plus riches s’écarte considérablement du 99 % restant.
  • La courbe « 81st to 99th Percentiles » représente les 20 % les plus riches, desquels ont été exclus les 1 % les plus riches. Remarquez que la croissance des revenus des 20 % les plus riches reste somme toute modeste en comparaison de celle des 1 % les plus riches.
  • La courbe « 21st to 80th Percentiles » correspond à la majorité de la population. La courbe exclut les 20 % les plus pauvres et les 20 % les plus riches.
  • Enfin, le « Lowest Quintile » montre que les 20 % les plus pauvres sont aussi ceux qui ont vu leur revenu bénéficier de la plus faible croissance.

Les données statistiques de ce graphique sur les inégalités ont été compilées par le bureau du Budget du Congrès américain. Les bandes verticales grises représentent les périodes de récession aux États-Unis.

Répartition des revenus: tout va au 1 %

Le graphique précédent illustre que les 1 % des plus riches parmi la population ont bénéficié d’une croissance importante de leurs revenus en comparaison à la classe moyenne et aux plus pauvres. Trente ans plus tard, comment la répartition de la richesse a-t-elle changée?

Le graphique suivant illustre parfaitement les perdants et les gagnants des 30 années de politiques néolibérales:

Graphique des statistiques de la richesse des 99 % face aux 1 %

Changement dans la répartition de la part des revenus à l'ère néolibérale: 1979-2007

  • « Top 1% »: les 1 % les plus riches ont augmenté leur part des revenus d’environ 10 % au cours des 30 dernières années
  • « 81st to 99th »: les 20 % les plus riches, en excluant les 1 %, ont maintenu leur part de revenu. Ce sont les américains les plus éduqués.
  • « Bottom 80 »: les 80 % qui bénéficient des revenus les plus faibles ont perdu environ 10 % de la part des revenus qui leur revenait à la fin des années 1970.

Conclusion: une petite minorité (1 %) s’est accaparé environ 10 % des revenus du pays au détriment de 80 % de la population. Pire encore, le graphique suivant montre qu’en fait, ce sont 0,1 % de la population qui se sont appropriés la plupart des revenus!

Les plus riches parmi les plus riches

Comme nous venons de le voir, ce ne sont pas les 20 % les plus riches qui créent les inégalités. Il s’agit plutôt des 1 %. Ou peut-être s’agit-il d’une minorité parmi ces 1 %? Pour le savoir, il faut se demander comment sont distribués les revenus et la richesse au sein des 1 % les plus riches?

Le graphique suivant porte sur les 1 % les plus riches. Il montre que les 1 % des plus riches parmi les plus riches captent, à eux seuls, la moitié de toute la richesse captée par les 1 % les plus riches! Donc, 0,01 % reçoit autant que les 99 à 99,9 %. Ok, vous en conviendrez avec moi, cela n’est pas facile à décrire en mots alors, voici le graphique:

Graphique de la part des revenus parmi les 1 % les plus riches

Répartition des revenus chez les 1 % les plus riches: la part des revenus des 0,1 % des plus riches versus la part des revenus des 99,0 à 99,9 % des plus riches

Ainsi, la croissance des inégalités est issue essentiellement d’une minorité qui forme une oligarchie que certains appellent les «ultra-riches». Lorsque les indignés clament «Nous sommes les 99 %», ils ne visent pas assez haut. En fait, ils devraient plutôt dire «Nous sommes les 99,9 %»!

________________________________________________________

Addendum

En 1998, les revenus minimaux des 1%, des 0,1% et des 0,01% aux États-Unis:

  • Le 1 % le plus riche gagnait plus de 230 000 dollars en revenus annuels.
  • Le 0,1 % le plus riches bénéficiait de revenus annuels supérieurs à 790 000 dollars.
  • 13 000 foyers seulement, faisant partie du 0,01 % des contribuables, disposent d’un revenu annuel de 17 millions de dollars en moyenne.

15 réflexions au sujet de « Si nous sommes les 99% alors qui sont les 1%? »

  1. Sylvain Martel

    Et ils viennent essentiellement du Texas, l’argent de l’huile, le vidéo de Michael Moore où les Républicains volent les élections en Floride à Al Gore. Et Bill Gates est pas dans le club fait qu’ils lui ont donné la vie dure il n’y a pas si longtemps…

    Moi ce que j’aimerais savoir c’est pourquoi les Républicains réussissent à endormir ceux qui font partie du 99% et votent pour eux. Je suis pas là mais je pense que c’est pas mal tout le temps la même recette, ils font peur aux gens du milieu du pays en leur disant que les Démocrates veulent avorter leurs bébés et voler leurs guns…

    Les inégalités ont pas mal commencé ou progressé de facon fulgurente avec l’arrivée de Ronald Reagan au pouvoir.

    C’est justement ce qui irrite, il y a 30 ans il y a un mouvement massif de baisser les impots aux plus riches sous le prétexte que c’était pour créer de l’emploi. De dire ca il y a 30 ans, ne sachant pas si c’était pour être un bon move ou non, c’est une chose. Mais de dire ces sottises 30 ans plus tard sachant très bien que ça marche pas, c’est très malhonnête ou stupide,ou les deux…

    Répondre
  2. Nathalie Leclerc

    Salut Christian, Je te remercie pour ton blogue, c’est vraiment très intéressant et enrichissant!! C’est vraiment bien de nous sensibiliser et de de nous instruire sur ce qui se passe présentement. Je me sens moi-même interpellé par cette situation par le fait que je suis plutôt inquiète pour mes enfants… C’est sûr que c’est très compexe l’équilibre économique mondial, mais ce que j’en comprend en gros c’est que des millions de chinois eux améliorent leur sort au détriment de la classe faible-moyenne européenne et nord-américaine et que les riches s’enricchissent encore plus de cette situation. Ce qui me préoccupe aussi c’est cette patate chaude des retraites à prestations déterminées… on est pas sorti du bois!!!

    Répondre
    1. Christian Nadeau Auteur de l’article

      Merci à toi Nathalie pour ton commentaire qui est vraiment motivant et qui m’encourage à continuer. Pour te dire, je fais ça parce que ça m’intéresse mais aussi parce que je crois qu’il faut absolument une prise de conscience afin de mettre fin au système économique actuel et passer à un meilleur système, plus inclusif et plus respectueux de notre planète. C’est ce qu’il faut pour l’avenir de tous les enfants 🙂

      Répondre
  3. Pierre Belley

    Très intéressantes tes explications.J’ai fais suivre le lien à ma blonde qui dit qu’elle n’a rien contre les riches….Peut être que cela l’aidera à comprendre.

    Répondre
  4. bob

    Ton texte ne parle que depuis 1979. mais avant ???? n’y avait-il pas effet inverse ? ce serait donc comme un retour de balancier.
    Les chiffres, on leurs fait dire ce que l’on veut.
    Il est évident que quelques uns se sont ultra enrichis mais la démagogie voire l’idéologie derrière votre texte fait peur en voulant mettre dans le même panier tous les « riches ». Attention a ce jeux là. C’est très dangereux. C’est comme çà qu’on finit par voter pour les extrêmes.
    N’oubliez pas une chose : il y a deux responsables clairement identifiés à la crise que nous vivons. Le premier fait la une des médias, ce sont les banquiers (qui sont aussi les très riches) et le deuxième est copieusement ignoré, c’est l’État dépensier. Que vous le vouliez ou non, faire payer les riches ne suffira pas à maintenir à flot un système social qui était cohérent lorsque nous avions une forte croissance et qui est devenu bancal et insupportable lorsque nous avons perdu cette croissance.

    Répondre
    1. Christian Nadeau Auteur de l’article

      Bonjour Bob!

      Merci pour votre commentaire qui aborde plusieurs questions intéressantes dont voici ma compréhension:

      1- La croissance des inégalités depuis les années 1980 a-t-elle été précédée d’une période au cours de laquelle les inégalités étaient plus faibles?

      2- Le fait de dénoncer publiquement que la croissance des inégalités est attribuable à une faible proportion de la population parmi les plus riches ne risque-t-il pas de favoriser les partis extrémistes lors des élections?

      3- Qui sont les responsables de la crise économique actuelle? Est-ce que ce sont les banquiers? Est-ce que ce sont les gouvernements qui ont trop dépensé?

      4- Question corollaire à la précédente: pourquoi la croissance économique n’est-elle plus au rendez-vous?

      5- Augmenter les impôts des riches permettrait-il d’éliminer ou de réduire les mesures d’austérité?

      J’espère que vous ne m’en voudrez pas de vous demander d’être patient pour les réponses. Je vous donnerai des nouvelles durant cette fin de semaine.

      Répondre
    2. Christian Nadeau Auteur de l’article

      Bonjour Robert,

      Je viens de publier un article intitulé «Les plus riches ont-ils toujours été aussi riches?» en réponse à la question no. 1 ci-haut.

      L’article comporte aussi quelques indices de réponses quant aux questions no. 3 et 4. En effet, la concentration actuelle de la richesse entre si peu de mains, avec en parallèle l’appauvrissement de quantité de gens, n’est pas très bon pour faire «rouler l’économie». Dans le même ordre d’idée, la réduction des inégalités serait susceptible de stimuler la relance de l’économie.

      Répondre
  5. F Caron

    Les gens qui ont peur que ce discours soit anti-riches ne comprennent pas vraiment de quoi il s’agit. Il ne s’agit pas de richesse, ce qui est relatif, mais d’abord d’injustice croissance, situation qui crée un climat de cynisme et de méfiance généralisée (à ce niveau-là soyons sérieux : il ne s’agit plus de rémunération au mérite), d’incitation à l’abus et à la proclamation d’un refus des limites, qui a des conséquences sur toute la société, et enfin d’excès de pouvoir : cet argent sert à acheter des gens et (thinktanks et médias) qui se mettent au service des 1 p. cent, parce que c’est très payant.

    À méditer :
    taxer le travail et récompenser l’héritage et le profit accumulé sans travailler n’est pas légitime dans une démocratie … Sous quel régime voulons-nous vivre?

    Répondre
  6. Chtibo

    Bonjour,

    J’aimerais rajouter une pierre à l’édifice.
    Un rapport dont je n’ai malheureusement plus de lien, montrait une distorsion dans ce modèle capitaliste « ultra-libéral ». Ces personnes dite « riches », que je qualifie d’ayant trop d’argent à n’en pouvoir dépenser, spéculaient et devenaient pour ainsi dire plus riches, sur les taux des prêts étudiants, immobiliers, aux états, … Ne voulant redistribuer leurs dividendes d’une toute autre manière, leurs ressources premières (et cette article le démontre amplement) proviennent principalement d’un manque de redistribution des richesses monétaires. Le résultat, nous l’avons entre autre avec la crise actuelle: pas d’augmentation salariales (et donc redistribution), plus de prêt afin de soutenir la croissance, le résultat est là, un surendettement à pratiquement tous les niveaux ; crise, panique, enfin je ne vais pas vous la refaire. Ce rapport donc, provenant des États-Unis, pointait simplement sur le fait que les richesses n’ont pas été judicieusement et intelligemment redistribuées, ce qui m’avait fait rire (sic), c’est « qu’un riche ayant déjà une Porsche ne veut pas forcement en posséder une autre et donc garde cette argent, réalimentant ce processus de spéculation ». En d’autres termes, les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres, CQFD.

    J’aimerais ouvrir un autre débat, j’ai écrit «richesse monétaire», et ces 1% pouvant être détricotés que cet article fait admirablement bien. Et si je dis «ressources premières», la richesse de la terre … autant money est un artifice de l’homme par l’homme et pour l’homme, afin d’unifier la valeur d’un travail (enfin c’est la première définition fasse au troc) … autant on aura beau être riche ou pauvre, face au déclin de notre planète (ou de notre mort, tient je l’avais oublié celle-là) et bien ma foi, on n’est rien. Donc moi je dis, nous sommes 10% de riches à utiliser 90% des richesses de la planète. Et je dis bien NOUS.
    Débat ouvert !

    Répondre
    1. Christian Nadeau Auteur de l’article

      Bonjour Guillaume,

      En cliquant sur chaque graphique, tu pourras retrouver la source de l’information. Les données statistiques de ces graphiques sur les inégalités ont été compilées par le bureau du Budget du Congrès américain.

      Répondre
  7. Christophe Vieren

    Je suis à 99,99% d’accord avec votre article.
    Et les 0,01% de désaccord porte justement sur « Lorsque les indignés clament «Nous sommes les 99 %», ils ne visent pas assez haut. En fait, ils devraient plutôt dire «Nous sommes les 99,9 %»!

    Car on pourrait encore pousser votre raisonnement et dire que nous sommes les 99,99% . La question est « qui gagne trop » en rapport avec son utilité sociale. Et je pense que le Top 1% fait indubitablement partie de ceux là. Probablement même, aux USA, c’est le Top 5% qui gagnent trop. et encore, si on se limite aux inégalités aux USA en oubliant que nombre de travailleurs dans le monde gagnent bien moins que le Bottom 1% des étasuniens.

    Répondre

Répondre à Christian Nadeau Annuler la réponse.